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Parallèlement à son action pour les enfants handicapés, Tulsi avait envie de faire quelque chose et d'aider d'autres enfants, pas nécessairement handicapés mentaux ou physiques, mais simplement des enfants appartenant à des catégories sociales particulièrement défavorisées (enfants de conducteurs de taxi-tricycles, de "chai wallah", de femmes de ménage ou d’immigrés bengladeshis). Ces enfants, de par l'environnement dans lequel ils vivent et leur ignorance, sont sujets à toutes sortes d'abus et d'exploitation, et sont quotidiennement exposés à divers dangers (alcool, violence, etc...).
Ce sont des enfants sauvages, en ce sens que non scolarisés et souvent livrés à eux-mêmes lorsque les parents travaillent. Ils n'ont souvent eu comme éducation que celle de la rue, et manquent donc cruellement de règles, de normes.
Il est alors apparu à Tulsi que le meilleur moyen de les protéger face à ces dangers étaient de leur donner une éducation minimum, pour leur permettre d'identifier les problèmes et les responsabiliser par rapport à eux. Outre la volonté de les rendre forts et responsables face à leur milieu, le deuxième objectif est de servir de tremplin aux enfants sérieux et motivés, afin de les intégrer, par la suite, dans une filière classique d'éducation, et de les suivre dans leurs études grâce à un système de parrainage.


Au moment de songer au lieu où se tiendrait "l'école", il est apparu à Tulsi que le plus important était qu'elle soit accessible à ces enfants dans tous les sens du terme. Ainsi, il fallait qu'elle existe là-même où la communauté visée (dans ce cas précis, les familles vivant dans le quartier d’Assi ghat) habite afin que les enfants du quartier puissent y venir à pied. De même, il fallait que les enfants s'y sentent à l'aise et qu'ils aient envie de venir. Il a donc été décidé de faire la classe au pied d'un arbre, sur la terrasse d'une maison située au bord du Gange, plutôt que dans une salle fermée d'un bâtiment quelconque. La fille de la maison, Manju, étudiante à l'université et très motivée par le projet, a été choisie comme institutrice.


Une structure éducative a donc été mise en place en avril 1999 pour environ 25 enfants, fonctionnant deux heures par jour (de 7 à 9 heures du matin), dans le but de leur fournir une connaissance suffisante dans les trois domaines suivants :
- une éducation basique
- une sensibilisation à la santé et à l'hygiène, ainsi qu'au respect de leur corps
- donner à ces enfants l'assurance nécessaire pour affronter la société et s'affirmer.
Mais il fallait introduire ces idées au fur et à mesure, avec douceur, sans imposition brutale. Ainsi Tulsi a défini trois phases successives :
- la première étant la période de motivation. Pour encourager les enfants à venir régulièrement, des gâteaux et fruits étaient distribués et les jeux occupaient une majeure partie du temps.
- Puis, petit à petit, avec la deuxième phase, l'enseignement est graduellement structuré jusqu'à un niveau acceptable par les enfants.
- La troisième phase étant le renforcement du caractère formel et structuré de l'enseignement, en conservant toujours cependant une place aux jeux et activités ludiques.


Lors du passage à la deuxième phase il y a quelques mois, la sœur de Manju, Anju, a également été recrutée comme assistante-institutrice permettant ainsi de diviser les enfants en deux groupes de niveaux. Après divers problèmes apparus avec les enfants les plus âgés, liés à l'adolescence (tendance suicidaire, tensions familiales etc.), il a été décidé de limiter l'admission à 10 ans. Aujourd'hui l'"école" fonctionne très bien et est complètement intégrée dans la communauté même si elle est encore au stade expérimental au sens que chaque problème qui se pose est un défi qu'il faut tenter de résoudre en faisant preuve d'imagination.
Le signe que la petite "école" était prête à passer progressivement à la troisième phase est venu des enseignantes elles-mêmes, demandant des petites tables pour les enfants, de même que des uniformes, chaussures et chaussettes afin qu'ils se sentent comme tous les autres petits écoliers de leur âge !
Avec cette troisième phase, le prochain objectif de Tulsi -qui rejoint totalement un point essentiel de l'association DISCC et une des principales raisons de la création de DEVA Europe- est la formation du personnel impliqué dans ce projet. Ainsi, soit une enseignante plus expérimentée viendra sur le terrain aider et former Manju et Anju, soit celles-ci suivront un stage de formation à l'enseignement. Elles pourront donc, à leur tour, former d'autres institutrices pour renouveler l'expérience ailleurs.

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