Contact

Photos

Photos du thème abordé dans ce texte

Tulsi est né dans une famille brahmane modeste de l’Inde du Sud, mais a été élevé, de même que ses deux frères et ses deux sœurs, à Bénarès, dans le campus de l’Université Hindoue de Bénarès (BHU) où son père, prestigieux botaniste, enseignait. Aujourd’hui encore, nous rappelle Tulsi, de nombreuses plantes ont gardé le nom qu’il leur avait donné.
Son père était quelqu’un de droit, d’une grande auto-discipline, et resté très orthodoxe malgré son séjour à Manchester où il poursuivait ses études de doctorat. Il avait d’ailleurs, comme tout bon brahmane, fait la promesse avant de partir de ne toucher ni femmes, ni viande, ni vin, ni cigarettes. A la maison, il demeurait inaccessible, inspirant crainte et respect. Il était très exigeant quant aux études de ses enfants, et ceux-ci redoutaient les rares relations qu’ils avaient avec lui, chaque trimestre, au moment de lui montrer leur carnet de notes... Il ne leur donnait jamais d’argent de poche, et c’est toujours la mère qui se débrouillait pour leur donner quelques pièces.
Tulsi entretenait avec celle-ci des rapports beaucoup plus proches, marquée par une vive affection réciproque, et il la décrit comme une personne sensible et généreuse. A la maison, les grains étaient achetés pour l’année, et elle cuisinait toujours en plus pour offrir ce surplus à des gens dans le besoin. Ainsi, s’il tient sa rigueur et sa droiture des exigences de son père, il a gardé de sa mère la générosité et l’amour désintéressé. Et aujourd’hui, cette attention à l’autre, cette gentillesse et cette droiture exceptionnelles, il sait merveilleusement, malgré ses horaires tardifs, les inculquer à ses propres enfants.


C’est sûrement sa foi qui lui a permis, dans les moments les plus difficiles, de ne pas perdre espoir et de continuer son travail. Sa profonde spiritualité a été encouragée par des rencontres significatives. Ainsi, vers 13 ans, dépressif et complexé parce qu’il se trouvait trop gros, il accompagna une vingtaine de jours, à Bodhgaya (lieu saint bouddhiste au Bihar), un moine Thaï qui lui enseigna les rudiments de la méditation.
Là-bas, un jour qu’il allait courir pour faire de l’exercice, il croisa un sâdhu borgne qu’il aida à traverser la route. Les deux jours suivants, il le recroisa encore, au même endroit, comme attendant sa compagnie pour traverser… Enfin, le troisième jour, il accompagna le sâdhu, à sa demande, dans son village où, à la très grande surprise de Tulsi, 300 personnes l’attendaient. Le sage le fit monter sur une estrade, le remercia chaleureusement de son aide, lui posa quelques questions sur ses projets d’avenir, et lui enjoignit de continuer à aider les autres.


Mais c’est surtout le calvaire de sa sœur aînée, épileptique, qui va réellement influencer sa vie. Celle-ci, en 1967, décide de se marier, bien qu’à l’époque les mariages d’amour soient très rares. Malgré les mises en garde du père de Tulsi au futur gendre –docteur de profession- sur des risques génétiques, les deux jeunes gens se marient. Quelques années plus tard, la jeune femme enfante d’une fille épileptique, puis d’une autre, épileptique et retardée mentale et enfin d’un garçon épileptique, retardé mental et schizophrène ! ! Très vite, l’ambiance dans la maison, où vivent réunies les trois générations, devient insupportable : le gendre, atteint de paranoïa sociale, rejette la responsabilité de ses malheurs sur les autres et devient violent. Ses deux grands frères étant partis faire leur vie ailleurs, c’est à Tulsi qu’il revient de gérer la situation. Il décide donc, pour protéger ses propres parents, de demander à son beau-frère de partir avec sa famille.
A l’époque, le rêve de Tulsi était de devenir officier de la Marine. Aussi part-il quelques mois sur un bateau mais, peu doué en math, il échoue au concours. De ce rêve lui est restée la barbe, et cet air farouche sur lequel se fonde aujourd’hui une part de son charisme. Tulsi revient alors à Bénarès où il travaille pendant trois ans dans les renseignements, mais démissionne après avoir reçu, à plusieurs reprises, des menaces de mort de criminels. Il rencontre alors le Docteur Rathan Singh, psychologue, qui l’influence profondément et le décide à reprendre des études. Tulsi obtient alors, à force de volonté et malgré son cursus, une bourse pour faire une thèse en psychiatrie, qu’il termine en 1988. Entre temps, il a suivi divers stages à Bangalore, Mysore, puis a travaillé pendant deux ans dans des villages avec le Docteur Uppa, lequel l’a encouragé à travailler pour la Communauté.


En 1988, il se décide à ouvrir un petit cabinet où il reçoit des familles en difficulté. Puis, peu à peu sa vision se clarifie et son objectif est de créer un centre pour enfants handicapés mentaux, qui serait un espace de sécurité où ceux-ci comme leurs parents pourraient se sentir soutenus psychologiquement, et gagner un peu d’argent sans risque d’exploitation.
C’est dans cet esprit que Tulsi fonde, en 1991, le Centre Deva, très modeste du fait du manque d’aide et d’argent. Puis, peu à peu, et c’est précisément sa grande qualité, Tulsi réussi à rassembler autour de lui des personnes de qualité : généralement peu qualifiées au départ, mais motivées, il les incite à suivre des stages de formation spécialisés, afin qu’ils puissent s’occuper efficacement des enfants. De la même façon, c’est grâce à son dynamisme et à sa motivation que Tulsi réussit à établir des contacts avec des personnalités ou instituts de différents pays, travaillant dans le domaine des maladies mentales.
Ainsi, en 1988, il rencontre Jacques Vigne, médecin-psychiatre qui étudie depuis plus de dix ans, en Inde, l’influence de la méditation dans l’évolution des maladies mentales. Cette rencontre va profondément marquer Tulsi et sa méthode d’approche des enfants handicapés. Plus tard, il part quelques mois enseigner au Medical College de Dubai.
En 1992, il est invité pour la première fois en France, par le Lions Club, pour visiter des centres, se familiariser avec les techniques occidentales d’approche et de prises en charge des maladies mentales et donner quelques conférences. Depuis il est revenu une fois en France et a également été invité en Hollande.
Malgré les difficultés financières, puisqu’il n’a jamais pu bénéficier que de subventions ponctuelles, Tulsi a toujours cherché à développer ces échanges qu’il considère comme un enrichissement pour les deux parties concernées, et un moyen d’améliorer la connaissance et la formation du personnel d’encadrement.

Haut de page