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Une photo de la galerie AU MAROC
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ZIMBARDO AU MAROC - Le passeur du labyrinthe


Il y a par le monde quelques endroits faits pour violer les sens avant de les séduire. S'il fallait dans l'urgence en citer trois, on pourrait dire le Carnaval de Rio , Venise, et le Maroc. Son Maroc, Xavier Zimbardo l'a parcouru déjà riche des impressions de tous ceux, écrivains peintres ou photographes qui l'y ont précédé. Là s'arrête le contemplatif pour céder le pas au prédateur. Fou d'une technique qu'il a su apprivoiser jusqu'à la plier à un style qui consume les matières comme il exacerbe les formes, Xavier Zimbardo exprime à la lettre les couleurs du pays, à la manière dont on recueille les sucs d'un beau fruit, avec vigueur. Camaïeux de bleu, palettes d'ocres, la matière à portée d'objectif s'inscrit dans la vision d'un artiste résolument affranchi de l'exercice documentaire, farouchement libre de ses rencontres. S'il renonce à faire le guide, Zimbardo endosse volontiers le rôle de passeur, pourvu qu'il décide de la destination, concédant à peine quelques repères touristiques, la moite langueur du Hammam, l'exubérance diffuse des grandes places aux premières lueurs du soir, le piétinement lourd et sensuel des teinturiers. La balade marocaine emprunte ici d'autres chemins, moins pittoresques et plus singuliers, elle respecte une distance minimale à l'humain, indifféremment croisé au hasard sublime d'un drapé clair-obscur, dans le cours trivial de l'activité quotidienne ou au repli de façades à demi-aveugles. Zimbardo s'insinue dans le labyrinthe des médinas, surprend la quiétude des patios, croise les ombres furtives qu'il finit toujours par piéger, comme si, avec ces silhouettes insaisissables, il avait voulu pour une fois photographier le silence. Le cadrage qui bascule, le temps de pose qui s'allonge participent à ce parcours fébrile, détourné, ressenti jusqu'au cœur des vastes paysages du Rif que démonte le jeu complexe d'un rétroviseur ou traverse une main non invitée. Loin de ses savants travaux de manipulations ou de ses superpositions d'images, de ses confections de masques dotés de vrais yeux, Zimbardo n'a recouru ici à aucun effet spécial, si on excepte cet étrange ballet de mouettes, transparent et figé comme le verre, et si on oublie une intuition proche du délit d'initié.

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